About

Mon intérêt pour le dessin relève de la remise en jeu opérationnelle du support à partir de son questionnement en tant qu’origine. Le papier (faussement) fragile et plastique tel une peau, se laisse modifier et altérer. Héritage de l’élaboration du dispositif imaginaire, la fonction de support comme écran de projection est remise en question dès que le dessin se présente comme surface unilatère, demi-tour de passepasse. Le nouage et la demi-torsion de la surface entrainent une transformation radicale : la réduction de la surface à une seule face et un bord unique ; mais celle-ci apporte un supplément de complexité dû à la perte des repères tels que devant/derrière, dessus/dessous, haut/bas, gauche/droite. Les manipulations du papier pour transformer le support en objet topologique engagent quelques conséquences cruciales : au delà de la métaphore, il s’agit de crever l’écran, celui de la représentation, de l’espace conventionnel euclidien, lieu de la mesure, de la maitrise et de la suprématie du regard.

Entre volume et surface, continu et discontinu, trait et trou, tracement et espacement, entre : là où mon travail s’articule. Une façon de dire et de taire, de montrer et de soustraire, car le topologique est fondamentalement paradoxal, il maintient une disjonction irréductible entre local et global. Il ne se laisse pas saisir par la représentation, à moins d’y perdre ses qualités à proprement parler topologiques, engendre de l’espace construit et peut aussi s’écrire mathématiquement. Il devient alors objet de langage et ne se réduit pourtant pas à ce registre symbolique. Il se montre plus qu’il ne démontre. La topologie qui m’intéresse prend lieu et place, elle se vit. Elle permet de tenter de saisir le réel. Face au réel, il y a le sujet mais celui-ci n’est pas le même que celui qui faisait face à l’image. L’identification, et donc le sens immanent plutôt que transcendant, s’y nouent autrement. Que l’on s’y frotte du côté de la production ou de la réception, on y avance désorienté et à tâtons, on s’y perd aisément. Un nouvel exercice du regard et du tact s’y amorce : le toucher de la vue. Moins de vision, plus de tact, il y a une sensualité à être immanent à la surface, à s’y laisser prendre et à y être pris.

 

 

 

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