Drawing in an expanded field

avec Amélie de Beauffort, Charles de Lantsheere, Esther de Patoul, Laurent David, Ets. Decoux, Vincent Delpierre, Benoît Félix, Jean-François Fontaine, Aurélie Gravelat, Bruno Goosse, Swan Mahieu, Guy Massaux,  Cambyse Naddaf, Lin Yao.

 

 

Le dessin,  un abri et un manifeste

En guise de préliminaire : une longue bande de papier s’enlace. Une lutte s’engage entre la surface et l’artiste qui tente de la nouer suivant la figure de 8 qu’elle s’est fixée comme invariant.

Clôturé comme un ruban de möbius, le support est modifié : maintenant unilatère, par la torsion son dos se continue en face. L’enroulement du dessin détermine le déroulement du dessin. Nouer, joindre, écraser, peindre, couper, poinçonner, flécher tracent son cheminement.

Entre le volume et la surface, les dessus – dessous – devant – derrière – entre s’échangent. L’accrochage se conclut par un nouveau corps à corps, parfois inquiet, où l’artiste tente de rece/voir ce que la donne lui a offert.  A la recherche d’une lisibilité de ce qui est pourtant déjà perdu.

Une intrigue se noue qui ne demande pas à être élucidée. Elle expose une liaison et non un dénouement. le corps y est engagé et pourtant comme retenu en secret dans l’oeuvre. Autour d’un demi-tour, quelque chose s’organise, à la fois de très simple et de complexe puisqu’il y a deux notions contradictoires : localement il y a deux faces (discontinues), mais réellement, mathématiquement, c’est un espace qui n’a qu’une seule face et qu’un seul bord (continu).

Cette tension entre visible et non visible ne se résout pas. Entre la perception locale et l’appréhension globale de la pièce, le paradoxe se maintient comme la conjonction d’un continu et d’un discontinu  pourtant irréductibles l’un à l’autre.

En dehors des repères habituels  » où- quoi – comment « , les notions d’intérieur, d’extérieur, de cadre et de centre sont déplacés. Ni entrée ni sortie, le regard ne peut s’y fier. Désorienté il n’a plus qu’à s’abandonner à la surface: lieu de perdition.

Hors des sentiers de la perspective, il n’y a plus de position de maîtrise pour le regard, mais des parcours sans issue à multi/plier.

La perte de contrôle : presque un écho à ma position dans cet « à faire », où il s’agit dans la pratique de se tenir légèrement en retrait, ravie de couvrir ce qui échappe.

Le plaisir se prend, en contrebande, au fil des plis et déplis, des accidents du terrain.